Charles
Le Bargy

315e sociétaire

Entré à la Comédie-Française en 1880 ; sociétaire en 1887 ; retraité en 1912 ; pensionnaire de 1921 à 1932.

Charles Le Bargy interrompt des études de droit pour entrer au Conservatoire, dans la classe de Got, où il remporte en 1879 un premier accessit de Tragédie et un premier prix de Comédie. Il débute l'année suivante à la Comédie-Française dans Clitandre des Femmes savantes. Les premières années de sa carrière, jusqu'à la retraite de Delaunay, son chef d'emploi, en 1886, sont assez discrètes. Il s'empare ensuite de tous les grands rôles de son emploi, est nommé sociétaire en 1887, joue avec élégance et impertinence les héros de Musset (Perdican, Cœlio, Valentin, Octave, Fortunio...), Dorante du Menteur, Horace de L’École des femmes, etc. Il s'affirme, avec le personnage du Duc de Septmonts dans L’Étrangère d'Alexandre Dumas fils (1889), comme le prototype du « dandy » fin de siècle, un peu précieux, raffiné et ironique. Désormais il est lancé et les auteurs contemporains – Paul Hervieu, Henri Lavedan, Maurice Donnay, Henry Bernstein – vont lui écrire de rôles sur mesure. Il incarne le « Don Juan moderne » que sont le Marquis de Priola (Henri Lavedan) et l'aristocratique abbé Daniel du Duel. Ses créations sont nombreuses. On peut citer Struensée de Paul Meurice (rôle de Christian VII), Monsieur Scapin (Jean Richepin), Les Romanesques (Edmond Rostand), Cabotins ! (Édouard Pailleron), L'Amour brode (François de Curel), etc.

Nommé professeur au Conservatoire en 1896, il s'y montre aussi exigeant avec ses élèves qu’il l'est avec lui-même. Il quitte sa chaire en 1905.
À plusieurs reprises, il a donné sa démission de la Comédie-Française : il est en profond désaccord avec l'administrateur Claretie, souhaite une réforme de structure de la Comédie-Française, s'absente souvent pour des tournées personnelles, bref, après plusieurs refus du Comité, son départ, accepté en 1911, a lieu en 1912. Une longue tournée en province et à l'étranger, avec une reprise triomphale de Cyrano de Bergerac, lui permet de tester sa popularité. Il revient alors à Paris où, malgré les clauses du décret de Moscou interdisant les scènes parisiennes au démissionnaire, il reparaît à la Porte-Saint-Martin dans Cyrano de Bergerac, Le Duel et une création d'Henry Bataille : Les Flambeaux. La Comédie-Française lui intente un procès, qu'il perd. Retiré pendant la première guerre mondiale, il est réengagé comme pensionnaire à la Comédie-Française, où il reprend son inépuisable succès, l'abbé Daniel du Duel. Il fait jouer à l'Odéon un assez mauvais mélodrame, Une danseuse est morte, reprend à la Comédie le rôle d'Olivier de Jalin dans Le Demi-Monde de Dumas fils, crée Le Chevalier de Colomb de François Porché et Moloch de Boussac de Saint-Marc, en 1929. Il se retire définitivement en 1932.

En 1908, il a fondé avec Calmettes et les frères Lafitte la société du Film d'art et tourné, sur un scénario d'Henri Lavedan, avec les vedettes de la Comédie-Française, le célèbre Assassinat du duc de Guise, suivi du Retour d'Ulysse, de La Tosca – lui-même jouant le rôle de Scarpia – et bien d'autres encore.
Il meurt en 1936, au moment où son fils, Jean Debucourt, entre à son tour à la Comédie-Française.

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