Edmond
Got

268e sociétaire

Entré à la Comédie-Française en 1844 ; sociétaire en 1850 ; retraité en 1894 ; doyen de 1873 à 1894.

Il remporte en 1842 un premier prix de Comédie au Conservatoire dans la classe de Provost et débute à la Comédie-Française en 1844 dans les Héritiers d'Alexandre Duval et dans le rôle de Mascarille des Précieuses ridicules. Sa gaieté le désigne pour les emplois de valets, sa rondeur et son naturel pour ceux de bourgeois. Il reste pensionnaire pendant cinq ans, jouant plus de quatre-vingt-dix rôles, parmi lesquels celui de l'Abbé d'Il ne faut jurer de rien d'Alfred de Musset, qu'il interprétera pendant toute sa carrière.

Nommé sociétaire en 1850, outre ses prestations dans le répertoire, de Figaro à Pasquin et Dubois, de Sganarelle à Trissotin, Arnolphe, Tartuffe et Harpagon, il interprète les auteurs contemporains et soutient la création dramatique de son temps. Il cite lui-même dans une lettre « ses » auteurs : « Émile Augier, Balzac, Musset, Dumas, Laya, Scribe, Mélesville, Foussier, Pailleron, Labiche, Sardou, Barbier, Gondinet ». Il donne en effet toute leur vérité humaine aux grands bourgeois d’Émile Augier, de Poirier à Giboyer ; il incarne le Mercadet de Balzac (1868), etc.
En 1866, il obtient l'autorisation exceptionnelle de créer à l'Odéon La Contagion d’Émile Augier qu'il emmène aussi en tournée. Il participe, en 1868, à la première tournée officielle de la Comédie-Française en province.

Comédien cultivé et intelligent, il est aussi attentif à la situation morale et financière de la Comédie-Française, élabore des projets de réforme, donne à plusieurs reprises sa démission, n'hésite pas à plaider contre la Comédie, bref se montre entreprenant et défend avec vigueur les intérêts des comédiens. C'est encore Got qui, en 1872, devant la situation catastrophique des finances de la Maison, organise à Londres une tournée – triomphale – qui renfloue les caisses. En 1875, il donne à Vienne, en Autriche, des représentations de bienfaisance.
Doyen en 1874, il est nommé professeur au Conservatoire et enseignera à l’École Normale Supérieure. Il est décoré de la Légion d'honneur, au titre de professeur. C'est un comédien extrêmement consciencieux. Il aborde le rôle d'Harpagon en 1879, seulement, et assume en 1882 le rôle écrasant de Triboulet, dans la deuxième représentation du drame de Victor Hugo Le roi s'amuse.
Il est impossible de citer tous les rôles de ce comédien très actif. Relevons quelques-unes de ses créations les plus marquantes : le rabbin David Sichel dans L'Ami Fritz d'Erckmann-Chatrian, Mathis du Juif polonais des mêmes auteurs, Polonius dans Hamlet, Maître Pathelin et encore Maître Guérin dans la pièce d’Émile Augier.

Il fête en 1895 ses cinquante années de Comédie-Française et, après une triomphale représentation de retraite, quitte le théâtre. Il meurt en 1901. Son fils, Médéric Got, publie en 1910 son Journal, précieux document sur cinquante ans d'histoire de la Comédie-Française.

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