Music-hall

Le théâtre de Jean-Luc Lagarce à la Comédie-Française

« Ai rencontré Jacques Toja, à la Comédie-Française. On montera Madame Knipper au Petit Odéon. Monsieur charmant », note Jean-Luc Lagarce dans son Journal, en mai 1981. La ténacité de Lucien Attoun - fidèle intercesseur de l’auteur appartenant au comité de lecture spécifique au Petit-Odéon - , amène donc sa pièce au titre finalement plus vagabond (Voyage de Madame Knipper vers la Prusse Orientale) en février 1982, dans cette petite salle de l’Odéon dirigée par l’administrateur général de la Comédie-Française et dédiée au répertoire contemporain. Dans ce récit mêlant le réel à la fiction, cinq personnages fascinés par une grande actrice, Mme Knipper, évocation de la mythique Olga (La Mouette de Tchekhov) reconstituent ses faits et gestes. Deux Comédiens-Français (Louis Arbessier et Joël Demarty) jouent sous la direction de Jean-Claude Fall. C’est la première fois que Lagarce est joué dans un théâtre parisien.

Le jeune Lagarce d’alors, auteur de six pièces et entré « dans l’univers théâtral, grand, mince, de l’orgueil dans le regard et le sourire ironique » (Revue de la Comédie-Française, 1982), est devenu l’auteur contemporain le plus joué en France. Douze ans après sa mort, Le Voyage à La Haye est mis en scène au Théâtre du Vieux-Colombier (2007) par François Berreur, avec Hervé Pierre dans l’un de ses premiers rôles au Français, celui de l’écrivain relatant pudiquement la tournée d’un de ses spectacles. Après avoir créé le spectacle en 1998, François Berreur et Hervé Pierre reprennent cette pièce dans une version réduite pour trois représentations exceptionnelles.

Mais ce n’est pas juste pour jouer une pièce de l’incontournable auteur. Quelques mois plus tard, Juste la fin du monde entre au Répertoire (2008) avec la volonté d’enrichir la « mémoire des œuvres dramatiques majeures » (Muriel Mayette, administratrice générale). La Comédie-Française poursuit ainsi sa tradition, parfois sujette aux critiques, de jouer des auteurs contemporains. Dans sa mise en scène récompensée par le Molière du Théâtre public 2008, Michel Raskine réinvente le rapport au public au sein de salle à l’italienne de Richelieu pour amplifier l’espace théâtral à l’avant-scène comme lieu des retrouvailles du narrateur Louis avec sa famille.

Miroir inversé d’un retour qui se fait toujours attendre et qui est envisagé ici non pas du point de vue du narrateur mais de sa famille, J’étais dans ma maison et j’attendais que la pluie vienne (Vieux-Colombier, 2018), rappelle la prégnance du thème familial chez Lagarce ainsi que l’influence de Tchekhov. La nécessité de vivre des cinq personnages dans l’attente, exclusivement féminins et mises en scène dans leur huis-clos par Chloé Dabert, s’inscrit dans la filiation des Trois sœurs.

Avec Music-hall et son thème du monde théâtral aussi intime à l’auteur que celui de la famille, la Comédie-Française revient sur ce sujet qui était également celui de Madame Knipper, joué de son vivant. Probablement que la place du théâtre dans la société et la condition d’artiste évoquées dans la pièce trouveront une résonnance particulière dans l’historique des spectacles, après l’interruption inédite des représentations théâtrales la saison dernière.

Florence Thomas
Archiviste-documentaliste à la Comédie-Française

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