A voir et revoir en ligne, l’adaptation pour le théâtre à la table de « Sois belle et tais-toi ! » par Françoise Gillard
Il y a une chose que je voudrais faire, c’est une sorte de film, avec d’autres actrices qui sont de ma génération. Parce que le dénominateur commun que j’ai avec toutes les femmes, c’est d’être une actrice. Je pense que toutes les femmes sont obligées d’être des actrices. Au fond, les actrices font ce qu’on demande à toutes les femmes de faire. Nous le faisons plus à fond, on a eu ce désir plus grand de faire à fond cette chose (ce travestissement). Je voudrais parler avec d’autres actrices et voir comment elles en sont venues là.
Delphine Seyrig
En 1974, Delphine Seyrig et son amie Iona Wieder apprennent auprès de Carole Roussopoulos à filmer avec une petite caméra vidéo, la Portapak, qu’elles détournent de son usage domestique pour en faire un instrument de lutte politique au service de la dénonciation des stéréotypes dans lesquels sont enfermées les femmes et que véhiculent le cinéma et la télévision .Entre 1975 et 1976 Delphine Seyrig offre à vingt-trois actrices un espace de parole en les interviewant sur leur condition : Si tu avais été un homme, aurais-tu été acteur ? Que penses-tu des rôles féminins qu’on te propose ? Peut-on continuer de jouer alors qu’on vieillit ? As-tu joué autre chose que des relations de rivalité avec d’autres femmes ? Montées sous forme de mosaïque, les interviews sont la matière du film-documentaire Sois belle et tais-toi, sorti en 1981 et dont le titre détourne ironiquement celui d’un film de Marc Allégret de 1958. On y entend les témoignages de stars hollywoodiennes comme Jane Fonda, Shirley MacLaine, ou Ellen Burstyn, de jeunes comédiennes françaises comme Juliet Berto, Anne Wiazemsky, Maria Schneider, d’artistes du spectacle vivant comme la danseuse Rita Renoir, ou bien de comédiennes de théâtre comme Mallory Millett-Jones, voire d’icônes de la scène artistique new-yorkaise underground comme Viva. Elles disent toutes, à travers le récit d’expériences pourtant personnelles, le manque de liberté des femmes, le manque de complexité des rôles qui leur sont proposés, leur mise en rivalité systématique, la tyrannie de la beauté et la hantise du vieillissement. Le film est à la fois polyphonique et à l’unisson.
À l’automne 2020, alors que les théâtres sont fermés en raison de la pandémie, Françoise Gillard, sociétaire de la Comédie-Française, choisit d’adapter le documentaire de Delphine Seyrig pour le dispositif du Théâtre à la table et invite à la sienne, une douzaine d’actrice du Français, sociétaires, pensionnaires et académiciennes. Captée en une journée, l’adaptation est une relecture créative du documentaire, fruit d’un travail de remontage du texte des interviews.
Avec Sois belle et tais-toi, Françoise Gillard suit une ligne d’engagement qu’elle a déjà commencé de tracer en interprétant l’avocate Gisèle Halimi dans Hors la loi de Pauline Bureau en 2020 autour du procès de Bobigny, et en créant en 2018 L’Événement d’Annie Ernaux, avec la collaboration artistique de Denis Podalydès, un seule-en-scène qu’elle reprend régulièrement et qu’elle présentera du 7 au 25 janvier 2025 au Théâtre 14.
Sois belle et tais-toi
Direction artistique Françoise Gillard
Réalisation Clément Gaubert
Filmé le 4 décembre 2020 dans la salle de répétition Maurice Escande © Comédie-Française 2020
Diffusée depuis le 18 octobre 2024 sur Youtube et en partenariat avec le Ciné-club de La Cinetek
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