Au fil des plans : les travaux à la salle Richelieu
Investie par Talma dès 1791 et par la troupe de la Comédie-Française en 1799, la Salle Richelieu connait de nombreuses campagnes de travaux – une tous les vingt ans à peu près – et s’est totalement métamorphosée depuis son inauguration. Passant du bleu au rouge, d’un ordonnancement néoclassique au confort second Empire, elle suit les modes, tant sur le plan social que du point de vue de l’équipement scénique. À l’occasion de la rénovation du cintre prévue en 2020, la bibliothèque-musée propose une balade historique au fil des plans pour suivre les mouvements de cette salle et de ses espaces adjacents.
Lieux accessibles au public
Construite de 1786 à 1790 par Victor Louis, la Salle Richelieu a subi plusieurs transformations afin de l’adapter à l’évolution des besoins concernant tant l’accueil des spectateurs, que l’illusion scénique et l’administration de l’institution.
- Rez-de-chaussée
La superficie du théâtre originel était deux fois moins grande qu’aujourd’hui. Disposant d’une superficie disponible restreinte et évitant de réduire pour autant la jauge de la salle, Victor Louis innove en concevant au rez-de-chaussée un hall d’accueil de forme arrondie situé sous la salle qui vient « chapeauter » ce péristyle. Après l’avoir dessiné pour le théâtre de Bordeaux, Victor Louis reprend ce modèle de « théâtre à l‘étage » pour la nouvelle salle Richelieu. Ce hall est donc, depuis plus de deux siècles, dévolu à l’accueil du public. Dans les années 1970, un point librairie est installé dans le péristyle avant la création en 1994 rue de Richelieu, d’une boutique, vendant des livres et des produits dérivés.
L’actuel escalier d’honneur est ajouté par Prosper Chabrol qui agrandit le théâtre entre 1860 et 1864. Cet escalier monumental menant à la salle dessert également le foyer du public, nouvel espace aménagé pendant cette phase d’agrandissement. Après les travaux de 1935 et pendant quelques années, un nouveau bar est aménagé dans une salle voisine (l’actuelle salle du comité). Depuis la deuxième moitié du XXe siècle, ce lieu de sociabilité pendant l’entracte porte le nom de « Foyer Pierre Dux », ancien administrateur de la Comédie-Française de 1970 à 1979.
À l’extérieur, Prosper Chabrol fait détruire les maisons jouxtant le théâtre qui donnent sur la rue Saint-Honoré afin de construire l’aile sud de la Comédie-Française qui abrite notamment le foyer des artistes et la salle du comité (voir « lieux réservés au personnel et à la troupe »).
- Premier étage : la salle
En 1900, un incendie détruit une grande partie de la décoration des années 1860. De la décoration des anciens plafonds (peint par Nolau et Rubé d’après les cartons de Barrias en 1858, puis par Mazerolle en 1877-1879) ne subsistent que des gravures et esquisses. Inaugurée en 1913, la peinture d’Albert Besnard offre encore de nos jours aux spectateurs les portraits de Molière, Corneille, de Racine et de Hugo mais aussi la vision de la Tentation, des neuf muses et du char d’Apollon.
Les plus anciennes photographies du rideau de scène remontent également à 1900, juste avant l’incendie, puis à 1906 avec le rideau d’Espouy qui fit l’objet de plusieurs esquisses. Plusieurs rideaux de scène et d’avant-scène ont été posés, en particulier après les phases de grands travaux (1935 et 1974/1976). En 1987, un nouveau rideau peint par Olivier Debré est inauguré. Commandé par le Ministère de la Culture, il se compose de trois parties : le rideau d’avant-scène, une toile marouflée sur le rideau de fer et une autre sur le lambrequin. En raison des travaux de la cage de scène de 2020 le rideau d’avant-scène est déposé pour être restauré.
Aujourd’hui, environ 860 spectateurs peuvent être accueillis salle Richelieu, contre 2 000 en 1790. Les travaux successifs dans la salle visent à améliorer leur confort et la visibilité du spectacle. En 1974, l’allée centrale est supprimée, la salle est couverte de moquette et de damas, le « paradis » ou « poulailler » disparait. En 1994, les fauteuils sont disposés en quinconce dans l’orchestre puis, en 2012, l’acoustique de la salle est améliorée grâce à la suppression des moquettes et des velours, le bois est utilisé comme surface réfléchissante du son sur le sol et les fauteuils d’orchestre.
Lieux réservés au personnel et à la troupe
Les deux salles emblématiques liées au fonctionnement de la troupe, le foyer des artistes et la salle du comité, se trouvent dans l’aile sud construite en 1864.
Le foyer des artistes, lieu de sociabilité où les comédiens recevaient leurs visiteurs, se trouve, en 1864, à l’extrémité de l’aile sud et longe l’actuel Conseil d’État. Sa localisation est en revanche très incertaine avant cette date. À partir de 1887, le foyer des artistes occupe une salle mitoyenne, plusieurs fois rénovée, dans laquelle la troupe actuelle répète et se réunit en journée et pendant la représentation, avant l’entrée en scène.
Pour la gestion de son fonctionnement, la troupe se réunit régulièrement depuis sa création en assemblée plénière puis, à partir de 1766, en comité d’administration restreint. La salle du comité, dans laquelle sont réglées non seulement les affaires administratives mais aussi artistiques (comité de lecture et, depuis le XXe siècle, présentations de maquettes à l’administrateur) occupe également dans l’aile sud, depuis 1864, plusieurs emplacements : l’extrémité du bâtiment en 1887 (son emplacement actuel mais dans des dimensions réduites car le couloir se prolongeait vers le foyer du public), le milieu du bâtiment (l’actuel bureau du directeur général) en 1900.
Théâtre mais aussi entreprise, la Comédie-Française met à la disposition des comédiens et du personnel une cafétéria. Elle est aménagée depuis 1976 au rez-de-chaussée de l’aile sud, près des colonnes de Buren, dans l’espace précédemment dévolu à la bibliothèque de la Comédie-Française, installée depuis cette date à l’autre extrémité du jardin du Palais-Royal (galerie de Beaujolais).
Nouveaux lieux accessibles au public
- Le Théâtre Éphémère et la Coupole
La Salle Richelieu, construite entre 1786 et 1790 par l’architecte Victor Louis, agrandie sous le Second Empire, connaît de nombreuses transformations au cours de son histoire, répondant aux impératifs de confort pour les spectateurs, de technicité et de mise au goût du jour.
De 2012 à 2013, de grands travaux de rénovation de la Salle Richelieu sont entrepris : équipements techniques, accessibilité, acoustique, esthétique. Pour permettre de poursuivre l’alternance des spectacles pendant la durée des travaux, la Comédie-Française s’installe dans un Théâtre Ephémère construit en bois, au cœur des Jardins du Palais-Royal, à l’identique de la Salle Richelieu, exceptés les cintres et les dessous. Le Théâtre Éphémère est ensuite cédé au Grand Théâtre de Genève, fermant aussi pour des grands travaux de rénovation. Il est alors baptisé « Théâtre des Nations ».
Cette période de travaux va permettre la restauration du plafond et le dégagement de la coupole, espace en demi-sphère, sous les toits de la Salle Richelieu. Lors de sa construction en 1790 par l’architecte Victor Louis, la coupole est une révolution technique. En effet, Victor Louis renonce à la charpente en bois, trop exposée aux incendies, et lui préfère une charpente métallique. Dès 2013, la coupole devient le lieu de rencontres entre le public et les artistes avec les cycles des Greniers des Acteurs, et des Greniers des Maîtres.
- La Salle Mounet-Sully
Située dans l’aile sud de la Comédie-Française, dans le prolongement, aujourd’hui, du Conseil Constitutionnel (rue de Montpensier), la construction et la décoration sont confiées à l’architecte Pierre fontaine en 1830. Au Second Empire, Prosper Chabrol ajoute des éléments de décoration. Au cours des époques, elle connait divers aménagements : salon de réception pour le Prince Napoléon, salle à manger pour son épouse la Princesse Clotilde, salon de lecture de la Cour des Comptes. En 1912, elle est rattachée à la Comédie-Française par un décret confirmé en 1914. Elle est alors utilisée comme salle de rangement pour des éléments de décors et salle de répétitions pour les comédiens jusqu’en 2016. En 1974, son accès, possible que par un étroit passage permettant d’aller derrière la scène de Cour à Jardin, est rendu plus accessible par la création d’un nouvel escalier côté Jardin et par l’ouverture depuis la Galerie Jacques Charon.
En 2016, la Comédie-Française décide de restaurer la Salle Mounet-Sully pour en faire un lieu d’accueil de groupes scolaires, une salle de réception (soirées privées, mécénat) et un espace accueillant des formes légères de spectacles.
Rénovations de l’équipement scénique
- La lumière
Jusqu’au début du XVII° siècle, les comédiens jouent à ciel ouvert, profitant de la lumière naturelle. Au XVII° siècle, la salle de spectacle et la scène sont éclairées par des bougies. Au XIX° siècle, le gaz remplace la bougie. En 1887, l’éclairage électrique est installé à la Comédie-Française. L’espace scénique commence alors à être structuré. Aux XX° et XXI° siècles, la lumière est « […] libérée de toute contrainte, [… ] devient elle-même élément essentiel du spectacle » (Louis Jouvet, 1937).
« Cet élément essentiel du spectacle» est servi par un équipement scénique, mené par la régie lumière, installée au 2° balcon, qui va connaître plusieurs phases de travaux entrepris pour rénover et permettre des améliorations techniques et sophistiquées :
- 1935, sous la direction de l’Architecte des Bâtiments civils et Palais nationaux Joseph Marrast, la Salle Richelieu et la scène sont totalement rééquipées : machinerie, jeu d’orgue, réfection de l’installation électrique.
- 1994 : travaux de réfection des cintres, de la cage de scène, de la machinerie.
- 2020 : réfection du pilotage des cintres.
- Le son
Alors installée à l’étage Samson à côté de la régie lumière, la nouvelle régie son s’installe au 2e balcon à partir de 2004. À partir de la console de mixage, le régisseur son gère la musique, les enceintes, les micros, les effets spéciaux sonores, la captation d’un spectacle, la vidéo. C’est en 2006 que cette régie intègre la gestion de la projection numérique avec le spectacle Cyrano de Bergerac d’Edmond Rostand, mis en scène par Denis Podalydès, où Cyrano haranguait le public d’un théâtre imaginaire.
Lexique de l’équipement scénique :
- Herses : structures mobiles suspendues dans les cintres au niveau de chaque plan de la scène et servant à supporter les projecteurs.
- Porteuse : suspendue au gril et motorisée, on peut y accrocher des perches qui portent les projecteurs ou des éléments de décor.
- Jeu d’orgue : tableau de commande ou pupitre où sont reliés tous les appareils et qui sert à la gestion et à la mémorisation des états lumineux restitués pendant le spectacle. On réalise des effets spéciaux, des jeux de lumière.
- Cintre : le cintre est composé de porteuses qui soutiennent les décors, de herses de lumière qui supportent les projecteurs, d’un gril et d’un faux-gril à travers lequel passent les câbles des porteuses et des herses.
- Gril : plancher à claire voie à vingt-deux mètres de hauteur qui s’étend sur toute la surface du plateau.
Exposition réalisée par la Bibliothèque-Musée de la Comédie-Française.
La Comédie-Française : Le théâtre de la rue de Richelieu de 1799 à nos jours / Jacqueline Razgonnikoff. Paris : Artlys/Comédie-Française, 2013
Les plans de la salle Richelieu sont numérisés et consultables dans la base La Grange (catalogue répertoriant ses fonds et accessible en ligne).
pour les représentations de mars à juillet 2025
JEU 16 JANV à partir de 11h
achat des places aux tarifs Cartes 2024-2025
MER 22 JANV à partir de 11h
achat des places pour tous les publics individuels et les groupes
Le calendrier sera disponible fin décembre sur notre site Internet
Sauf contrainte technique majeure, aucune place ne sera vendue aux guichets.
L’achat en ligne est vivement conseillé pour obtenir une réponse immédiate sur la disponibilité des dates des spectacles et du placement souhaités.
En raison du renforcement des mesures de sécurité dans le cadre du plan Vigipirate « Urgence attentat », nous vous demandons de vous présenter 30 minutes avant le début de la représentation afin de faciliter le contrôle.
Nous vous rappelons également qu’un seul sac (de type sac à main, petit sac à dos) par personne est admis dans l’enceinte des trois théâtres de la Comédie-Française. Tout spectateur se présentant muni d’autres sacs (sac de courses, bagage) ou objets encombrants, se verra interdire l’entrée des bâtiments.