En 1773, on célèbre le premier centenaire de la mort de Molière. Le comédien Lekain propose à ses camarades de donner une représentation à bénéfice pour ériger un monument commémoratif en l’honneur de l’auteur. Le 15 février, deux jours avant l’anniversaire, on annonce au public cette représentation exceptionnelle composée du Tartuffe et d’une pièce de circonstance écrite pour l’occasion : l’Assemblée de l’abbé Le Beau de Schosne, une comédie qui évoque une assemblée de comédiens et s’achève sur l’apothéose de Molière. Les fonds récoltés sont toutefois insuffisants et on ne peut mettre en œuvre la réalisation du monument espéré.
En 1820, Louis-François Beffara, commissaire de police de Paris, découvre dans le registre de la paroisse Saint-Eustache la date de baptême de Molière, le 15 janvier 1622. Ce passionné de théâtre et d’opéra passait tout son temps libre à écumer les archives de la ville, à la recherche d’informations qu’il compilait au fil du temps et qui constituent encore aujourd’hui une mine d’informations précieuses, ces archives ayant été détruites dans l’incendie de l’Hôtel de ville en 1871.
À partir de 1821, on célébrera donc la « naissance » et parfois aussi la mort du grand homme. Le bicentenaire en 1822 est l’occasion de jouer le Misanthrope ainsi qu’une pièce de Justin Gensoul écrite pour l’occasion, Le Ménage de Molière. Molière y est entouré de La Fontaine, Mignard, Baron, Brécourt, Armande Béjart, sa servante La forêt. La dernière scène spécialement conçue pour l’hommage est à proprement parler la célébration de l’anniversaire du poète :
Le fond du théâtre s’ouvre. On voit sur un pied-d’estal le buste de Molière, couronné de lauriers. Tous les acteurs de son théâtre, une couronne à la main, et en habit de caractère, entourent le buste.
Cet hommage fera tradition et désormais, chaque acteur de la Troupe au complet, fera le geste de couronner le buste du Patron à la fin de la cérémonie de l’hommage.
Au XIXe siècle le programme le plus souvent donné est Le Tartuffe, suivi du Malade imaginaire dont le divertissement final, dit « cérémonie des médecins », permet de faire paraître tous les comédiens. L’hommage s’accompagne souvent de prologues, poèmes et pièces de circonstances écrits et joués pour l’occasion. L’héritage de l’auteur est pleinement pris en charge par la Comédie-Française, autrement appelée « Maison de Molière ».
Son privilège sur le répertoire Moliéresque qu’elle partage avec l’Odéon, lui est retiré par la loi de 1864 sur la liberté des théâtres : désormais elle n’en a plus l’apanage. Peu à peu, d’autres scènes vont revendiquer une part de cet héritage. L’hommage à Molière devient une cérémonie convoitée par d’autres théâtres et prend valeur de véritable célébration nationale sous le second Empire. Molière est vu comme un personnage fédérateur, populaire et christique, qui s’adresse à toutes les classes sociales. On envisage alors un banquet annuel pour célébrer Molière dans Paris, l’anniversaire prenant le tour d’une grande fête populaire. Dès lors, l’auteur est commémoré le 15 janvier, tant sur les grandes scènes (l’Odéon fait une forte concurrence à la Comédie-Française) que sur les petites et en Province.
La Comédie-Française est néanmoins le seul théâtre à avoir conservé cette tradition jusqu’à nos jours.
Agathe Sanjuan, conservatrice-archiviste de la Comédie-Française.
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POUR LA SAISON 24-25
En raison du renforcement des mesures de sécurité dans le cadre du plan Vigipirate « Urgence attentat », nous vous demandons de vous présenter 30 minutes avant le début de la représentation afin de faciliter le contrôle.
Nous vous rappelons également qu’un seul sac (de type sac à main, petit sac à dos) par personne est admis dans l’enceinte des trois théâtres de la Comédie-Française. Tout spectateur se présentant muni d’autres sacs (sac de courses, bagage) ou objets encombrants, se verra interdire l’entrée des bâtiments.