Soirée exceptionnelle

Soirée captée le 2 octobre 2023 au Théâtre du Vieux-Colombier

Diffusion MARDI 2 NOV À 20h30 et disponible ensuite en replay sur Youtube

Patrice Chéreau n’a jamais mis en scène à la Comédie-Française, mais la Troupe est formée de plusieurs membres qui ont œuvré avec lui, certains se sont même rencontrés grâce à lui. Leurs collaborations s’étendent sur plusieurs périodes, à plus ou moins long terme, dans des disciplines ou des fonctions différentes. Cette disparité fait la richesse de ce chœur de comédiennes et de comédiens qui a choisi de concevoir et de réaliser cette soirée collectivement, loin d’un souci de vérité ou d’exhaustivité, en y voyant l’opportunité d’ouvrir le dialogue – un dialogue infini tant il leur semble avoir encore à dire et à apprendre de l’expérience Chéreau.
Souvenirs, textes personnels, lectures de textes, photographies fétiches… tout ici privilégie la vitalité du souvenir, l’admiration et l’amour du travail partagé. Chacun et chacune esquisse les traits de « son » Patrice, interrogeant pourquoi ils ressentent toujours dans leur pratique « un peu de Chéreau », les traces qu’il a laissées en eux, en quoi il reste un artiste incontournable du paysage théâtral, opératique et cinématographique moderne.

En ouverture de cet « hommage à hauteur d’acteur et d’actrice » comme le précise Éric Ruf, Didier Sandre revient à La Dispute de Marivaux, pièce créée en 1976 au Théâtre national populaire de Villeurbanne que Patrice Chéreau codirigeait alors et dont Didier Sandre conserve un souvenir de spectateur indéfectible : « Nous sommes de moins en moins nombreux à nous souvenir des représentations de La Dispute qui fut pour moi une épiphanie pour l’acteur que je commençais à être. » Il est bientôt rejoint par Dominique Blanc, avec qui il partagea le plateau de Villeurbanne dans Peer Gynt en 1981 : ensemble, ils lisent le « projet Nanterre » en mémoire de l’aventure artistique du Théâtre Nanterre-Amandiers, devenu centre dramatique national lorsque Patrice Chéreau en prît la direction avec Catherine Tasca en 1982. S’ensuivent d’autres textes écrit par un Patrice Chéreau-cinéaste qui dirigea Dominique Blanc dans La Reine Margot et Ceux qui m’aiment prendront le train ou plus tard un Patrice-Chéreau metteur en scène d’opéra à travers des extraits choisis par Clément Hervieu-Léger qui fût son assistant sur plusieurs productions opératiques.

Il est également question de Phèdre, la tragédie de Racine qui inaugura la seconde salle du théâtre de l’Odéon, les Ateliers Berthier en 2003, avec ici présents Dominique Blanc, Éric Ruf et Marina Hands, comédienne qui a sélectionné un extrait de répétition filmée pour appuyer ses propos.
À partir de ces témoignages et archives mises en commun, de lectures de textes de Patrice Chéreau ou de son grand collaborateur, le scénographe Richard Peduzzi, se profile une entrée multiple dans l’œuvre de l’artiste, indissociable de sa personnalité. Une personnalité charismatique qui, dix ans après sa disparition, continue d’habiter profondément celles et ceux qui l’ont connu et passionne les nouvelles générations. C’est dans ce désir d’ouverture et de transmission qu’a été proposé à Clément Bresson de participer à l’hommage ; l’acteur n’a jamais collaboré avec Patrice Chéreau, il se dit ici porte-parole de ceux et celles qui n’ont pas croisé sa route mais qui vouent une admiration – entre fascination et fantasme – à celui qui est devenu une figure incontournable de l’histoire du théâtre contemporain, comme le sont Antoine Vitez ou Bernard-Marie Koltès.

Dans les mots et les regards échangés, dans les rires qui cachent la tristesse et les faux-pas qui disent la fragilité de l’exercice, s’esquisse un portrait mosaïque, sincère et aimant, du créateur perdu. Ces deux heures captées au Théâtre du Vieux-Colombier, et mises en ligne un 2 novembre – jour de son anniversaire – célèbrent avec Patrice Chéreau la magie du plateau, cet espace privilégié auquel il vouait une confiance absolue, disant : « Il faut travailler dans le doute le plus total en essayant de trouver la réponse : qu’est-ce qui fait qu’à ce moment précis, sur le plateau, le théâtre dit des choses que lui seul peut dire ? Qu’est-ce qui fait qu’il est irréductible à tout autre art ?»

Cette soirée hommage a été réalisée en partenariat avec l’association Mémoire Patrice Chéreau, dans le cadre des commémorations de l’artiste qui ont lieu jusqu’à l’automne 2024.

Pour aller plus loin, prochainement :

LA FAUSSE SUIVANTE de Marivaux, mise en scène et réalisation Patrice Chéreau
Filmé en juin 1985 au Théâtre des Amandiers de Nanterre / Coproduction Antenne 2 et Théâtre des Amandiers de Nanterre
JEU 16 NOV À 20H30 (diffusion unique, pas de replay)

PHÈDRE de Jean Racine, mise en scène Patrice Chéreau, réalisation Stéphane Metge
Filmé en avril 2003 à l’Odéon-Théâtre de l’Europe aux Ateliers Berthier
Coproduction ARTE France, Azor Films, Ina, Love Streams, Odéon-Théâtre de l’Europe, RuhrTriennale
JEU 4 JANV À 20H30 (diffusion unique, pas de replay)

Cette dernière diffusion entre dans le cadre de notre programmation en ligne inspirée des programmes du baccalauréat ; pour la première fois une comédienne y est inscrite pour son parcours artistique. Parmi les spectacles dans lesquels Dominique Blanc a joué, elle en a proposé trois à faire découvrir aux lycéens et lycéennes, le premier étant Phèdre dans la mise en scène de Patrice Chéreau. Dans ce cadre, une SCÈNE IMAGINAIRE est consacrée à Dominique Blanc, entretien avec Arnaud Laporte et lecture de textes par Fanny Jouffroy et Leïla Muse. Capté en public au Théâtre du Vieux-Colombier le 30 octobre à 20h30, ce programme France Culture est aussi à écouter le 19 novembre à 20h.
En ligne le JEU 21 DÉC À 20H30