Trois questions à Didier Sandre

Avec le seul-en-scène La Messe là-bas qu’il reprend au Studio-Théâtre, Didier Sandre retrouve une nouvelle fois Paul Claudel. Depuis ses débuts, l’acteur chemine avec l’auteur, de L’Échange à Jeanne au bûcher, du Soulier de satin sous la direction d’Antoine Vitez à sa version à la table avec la Comédie-Française. Un long compagnonnage de théâtre.

  • Vous qui avez tant joué Claudel, qu’est-ce qui vous a poussé à choisir La Messe là-bas pour ce Singulis ?

Didier Sandre. La Messe là-bas est une synthèse de tout ce que j’aime chez Claudel. Il écrit ce texte alors qu’il est au milieu de sa vie, en exil au Brésil, pendant la Première Guerre mondiale. Il est alors ministre plénipotentiaire des Affaires de la France. Il a eu quatre enfants avec une femme légitime, Reine Sainte-Marie Perrin, et est toujours tenaillé par ses démons, son amour pour cette femme, Rosalie Vetch, rencontrée des années auparavant sur un bateau. Dans La Messe là-bas, Claudel convoque ses fondamentaux : la jeunesse, la conversion, l’échec – il a essayé de rentrer dans les ordres mais cela lui a été refusé – et cet amour interdit est comme une déflagration intime qu’il transcende dans une espèce d’amour absolu et abstrait de Dieu.

la-messe-la-bas-47-be
  • Qu'aimez-vous dans cette écriture si particulière avec laquelle vous cheminez depuis longtemps ?

Didier Sandre. Ce qui m’intéresse chez Claudel, c’est ce jeune homme sortant d’une famille du fin fond de la Marne, avec cette langue glaiseuse, pleine de terroir, à l’opposé du lyrisme conventionnel dont on peut la taxer. Sa langue est extrêmement concrète, directe et je ne cesse d’en approfondir ma connaissance pour l’aimer de plus en plus. Dans La Messe là-bas, on retrouve ce contact immédiat, il y a aussi de l’humour, de l’autodérision, et puis des moments de recueillement et de grandes émotions. Claudel parle de la mort, de l’absence, de la solitude, de l’exil, de cette fuite à travers le monde qu’il a opérée pendant toute sa vie. Une fuite en avant qui prend son origine dès l’enfance : fuir Camille, fuir la personnalité dévorante et vampirique de cette sœur de génie qui dirigeait la famille, qui était insupportable.

la-messe-la-bas-14-be
  • Cette œuvre prend la forme d’une messe, qu’y-a-t-il d’intéressant, de singulier à jouer cela au théâtre ?

Didier Sandre. L’un des éléments structurels du texte est le rapport à la nature. À l’époque, Claudel vit et écrit au milieu d’une nature luxuriante, tropicale et cette nature est ici la célébration de la Création. Il pense que Dieu est présent dans chaque arbre, chaque feuille, chaque émerveillement de l’homme face à ces beautés et il perçoit la jouissance de cette nature extraordinaire comme un élément qui pourrait éloigner l’homme de Dieu. Chez lui, la tentation de la jouissance directe est comme un empêcheur de spiritualité. Je trouve cela drôle, touchant... Selon Claudel, si on aime davantage l’« ici et maintenant » que l’au-delà, alors, on est en danger. Cette tension, ce conflit sont très intéressants à jouer pour un comédien qui peut s’en sentir assez proche.

La Messe là-bas de Paul Claudel, Singulis de Didier Sandre, du 7 au 25 juin 2023 au Studio-Théâtre

Photos © Brigitte Enguérand

Et aussi
La première de Quelle Comédie !
Avec Didier Sandre et Éric Ruf

Article publié le 15 juin 2023
Rubriques

La Messe là-bas

  • Nouveauté

    Lunettes connectées disponibles à la Salle Richelieu

  • Découvrez

    la saison 24-25

OUVERTURES DES VENTES

pour les représentations de mars à juillet 2025

JEU 16 JANV à partir de 11h
achat des places aux tarifs Cartes 2024-2025

MER 22 JANV à partir de 11h
achat des places pour tous les publics individuels et les groupes

Le calendrier sera disponible fin décembre sur notre site Internet

Sauf contrainte technique majeure, aucune place ne sera vendue aux guichets.

L’achat en ligne est vivement conseillé pour obtenir une réponse immédiate sur la disponibilité des dates des spectacles et du placement souhaités.


VIGIPIRATE

En raison du renforcement des mesures de sécurité dans le cadre du plan Vigipirate « Urgence attentat », nous vous demandons de vous présenter 30 minutes avant le début de la représentation afin de faciliter le contrôle.

Nous vous rappelons également qu’un seul sac (de type sac à main, petit sac à dos) par personne est admis dans l’enceinte des trois théâtres de la Comédie-Française. Tout spectateur se présentant muni d’autres sacs (sac de courses, bagage) ou objets encombrants, se verra interdire l’entrée des bâtiments.

vigipirate-urgenceattentat2