Avec le seul-en-scène La Messe là-bas qu’il reprend au Studio-Théâtre, Didier Sandre retrouve une nouvelle fois Paul Claudel. Depuis ses débuts, l’acteur chemine avec l’auteur, de L’Échange à Jeanne au bûcher, du Soulier de satin sous la direction d’Antoine Vitez à sa version à la table avec la Comédie-Française. Un long compagnonnage de théâtre.
Didier Sandre. La Messe là-bas est une synthèse de tout ce que j’aime chez Claudel. Il écrit ce texte alors qu’il est au milieu de sa vie, en exil au Brésil, pendant la Première Guerre mondiale. Il est alors ministre plénipotentiaire des Affaires de la France. Il a eu quatre enfants avec une femme légitime, Reine Sainte-Marie Perrin, et est toujours tenaillé par ses démons, son amour pour cette femme, Rosalie Vetch, rencontrée des années auparavant sur un bateau. Dans La Messe là-bas, Claudel convoque ses fondamentaux : la jeunesse, la conversion, l’échec – il a essayé de rentrer dans les ordres mais cela lui a été refusé – et cet amour interdit est comme une déflagration intime qu’il transcende dans une espèce d’amour absolu et abstrait de Dieu.
Didier Sandre. Ce qui m’intéresse chez Claudel, c’est ce jeune homme sortant d’une famille du fin fond de la Marne, avec cette langue glaiseuse, pleine de terroir, à l’opposé du lyrisme conventionnel dont on peut la taxer. Sa langue est extrêmement concrète, directe et je ne cesse d’en approfondir ma connaissance pour l’aimer de plus en plus. Dans La Messe là-bas, on retrouve ce contact immédiat, il y a aussi de l’humour, de l’autodérision, et puis des moments de recueillement et de grandes émotions. Claudel parle de la mort, de l’absence, de la solitude, de l’exil, de cette fuite à travers le monde qu’il a opérée pendant toute sa vie. Une fuite en avant qui prend son origine dès l’enfance : fuir Camille, fuir la personnalité dévorante et vampirique de cette sœur de génie qui dirigeait la famille, qui était insupportable.
Didier Sandre. L’un des éléments structurels du texte est le rapport à la nature. À l’époque, Claudel vit et écrit au milieu d’une nature luxuriante, tropicale et cette nature est ici la célébration de la Création. Il pense que Dieu est présent dans chaque arbre, chaque feuille, chaque émerveillement de l’homme face à ces beautés et il perçoit la jouissance de cette nature extraordinaire comme un élément qui pourrait éloigner l’homme de Dieu. Chez lui, la tentation de la jouissance directe est comme un empêcheur de spiritualité. Je trouve cela drôle, touchant... Selon Claudel, si on aime davantage l’« ici et maintenant » que l’au-delà, alors, on est en danger. Cette tension, ce conflit sont très intéressants à jouer pour un comédien qui peut s’en sentir assez proche.
La Messe là-bas de Paul Claudel, Singulis de Didier Sandre, du 7 au 25 juin 2023 au Studio-Théâtre
Photos © Brigitte Enguérand
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