Histoires de famille à la Comédie-Française
Chez Molière et d’autres auteurs des XVIIe et XVIIIe siècles comme Dancourt et Goldoni, la famille est essentiellement régie par des rapports d’autorité que femmes et enfants tentent de bousculer. Cette tradition théâtrale est bouleversée par l’expression des émotions sous l’impulsion de Diderot. Avec Le Fils naturel et Le Père de famille il ouvre une brèche et va jusqu’à prôner des représentations familiales pour sensibiliser les auditeurs (prologue des Pères malheureux).Sa technique de narration vise à convaincre le spectateur de l’authenticité de la fiction, à défaut de son caractère autobiographique qui estampillera bien plus tard le théâtre de Lagarce. De la comédie larmoyante du XVIIIe siècle au théâtre de l’intime du XXe siècle, la cellule familiale vacille souvent, victime de plumes acérées, plus ou moins sombres. Les contrastes sont forts des comiques tranches de vies conjugales agrémentées de petits enfants insupportables ou de grands enfants ridiculisés dans les pièces de Courteline à la noirceur et au mal-être des personnages du théâtre scandinave.
Les histoires de famille finissent mal, en général…
La famille peut tuer : suicide de la petite fille dans la famille de naufragés décrite par Ibsen (Le Canard sauvage), suicide du père chez Strindberg (Père) entraîné dans la folie par une violente guerre conjugale née du doute instillé sur sa paternité. À l’inverse, l’absence d’enfant conduit Yerma (Yerma de Garcia Lorca) au meurtre de son mari qui lui refusait la maternité. L’enfermement des femmes crée une souffrance (La Maison de Bernarda Alba de Garcia Lorca), nourrit une attente insatiable (J’étais dans ma maison et j’attendais que la pluie vienne). Quant au retour du fils, il est, dramaturgiquement, un élément perturbateur de choix (Le Retour au désert de Koltès). La famille constitue, pour le théâtre plus intime de la fin du XXe siècle, une source d’inspiration inépuisable comme le montrent chaque saison, les textes du Bureau des lecteurs, des pièces comme La Maladie de la famille M. (Fausto Paravidino) ou le théâtre de Jean-Luc Lagarce dont la solitude des personnages et le retour du fils et du frère racontés dans J’étais dans ma maison et j’attendais que la pluie vienne ne vont pas sans rappeler Juste la fin du monde, précédente entrée au répertoire de l’auteur (2008).
En raison des mesures de sécurité renforcées dans le cadre du plan Vigipirate « Urgence attentat », nous vous demandons de vous présenter 30 minutes avant le début de la représentation afin de faciliter le contrôle.
Nous vous rappelons également qu’un seul sac (de type sac à main, petit sac à dos) par personne est admis dans l’enceinte des trois théâtres de la Comédie-Française. Tout spectateur se présentant muni d’autres sacs (sac de courses, bagage) ou objets encombrants, se verra interdire l’entrée des bâtiments.