La Puce à l'oreille

Feydeau et ses metteurs en scène : un couple entre liberté et fidélité

Non, Feydeau n’est pas un intrus à la Comédie-Française et les débats sur la pertinence de son inscription au Répertoire sont révolus. Refusée en 1926, Feu la mère de madame entre au Répertoire en 1941 dans une prestigieuse distribution. La presse continue en 1951 de se poser la question de cette légitimité avec Le Dindon mais elle demeure bien seule face aux applaudissements du public. Dix-sept pièces (sans compter les monologues) ont donc été jouées au Français, certaines plusieurs fois par des metteurs en scène de diverses sensibilités mais tous confrontés à la même gageure : quelles libertés peuvent-ils se permettre face à la mécanique parfaitement huilée et éprouvée des pièces de Feydeau ?

Du respect scrupuleux de la plantation et des caractères (La Dame de chez Maxim, 1981) à la multiplication de références au XXe siècle, le pilotage automatique n’empêche pas quelques changements de cap. Par de légers et discrets glissements temporels (Un Fil à la patte, 2010) ou par un ancrage volontaire dans la société contemporaine via la mode vestimentaire (Chat en poche, 1998) et la musique électronique flirtant avec Schubert (Quatre pièces en un acte, 2009), les costumes et la musique actualisent la pièce sans en modifier une virgule, si ce n’est une note en prenant au pied de la lettre le « chœur » des filles Mathieu pour faire chanter celles-ci (L’Hôtel du libre-échange, 2017). Quant au décor décrit minutieusement dans les didascalies, il vole en éclats (Chat en poche, 1998 ; Le Dindon, 2002) pour mieux servir la folie de Feydeau ou déborde du cadre strict de l’intérieur bourgeois pour s’ouvrir sur l’extérieur (Le Système Ribadier, 2013).

Le parti-pris de retenue des metteurs en scène qui dépouillent ce théâtre de son côté vaudevil-lesque (comme La Puce à l’oreille en 1978) rarement revendiqué (Occupe-toi d’Amélie, 1995) offre une écoute différente pour les monologues (Le Cercle des castagnettes, 2012). En an-crant ainsi les pièces dans une époque plus contemporaine, les metteurs en scène assument les références cinématographiques récurrentes qui ont nourri leur représentation de la bizarrerie (Le Système Ribadier, 2013), le jeu au ralenti des comédiens (Le Dindon, 2002) ou les inserts filmés du début du cinéma (Monsieur chasse !, 1987). Qu’importent les chemins de traverse pourvu qu’on ait l’ivresse !

  • Système Ribadier, 2013 - photo. Brigitte Enguerand © Coll. Comédie-Française
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