Trois fois Ulysse

La traversée d'Ulysse dans le Répertoire

Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage dans le répertoire de la Comédie-Française. Comme nombre de ses acolytes antiques, figures mythiques et littéraires, cet homérique héros de l’Iliade et de l’Odyssée accède à l’immortalité sous la plume des écrivains et des metteurs en scène ; nombreux sont celles et ceux à la Comédie- Française qui, depuis le XVIIe siècle, lui consacrent une pièce ou lui attribuent un rôle dans l’une de leurs adaptations.

Dans l’imaginaire collectif, le fils de Laërte est d’abord le héros principal, pour ne pas dire unique, de l’Odyssée. Sur les trois pièces citant son nom dans leurs titres et inscrites au répertoire de la Comédie-Française, deux se réfèrent au récit de son retour à Ithaque, la troisième, La Mort d’Ulysse de l’abbé Pellegrin (1706), étant relatée dans une autre épopée, (La Télégonie. Le héros éponyme d’Ulysse ou Le Retour d’Ulysse de Lebrun (1814), incarné par Talma, assume la tendresse et la violence de ses sentiments – contrairement au pudique et fidèle Ulysse que l’abbé Pellegrin décrit dans Pénélope en 1684. L’interprétation de Talma échappe aux critiques qui s’attaquent au choix thématique de Lebrun. Enfin, quarante ans plus tard, Ponsard essuie les mêmes remarques que Lebrun pour sa tragédie Ulysse (écrite dans la lignée de son poème et jouée en 1854), sujet qu’il n’a pas choisi pour les possibles ressorts de son action mais « comme un moyen de montrer Homère aux spectateurs ». Bien que le sujet soit dramatique, il fait de la fidélité conjugale de Pénélope une tragédie, ce qui relève de la gageure pour ses détracteurs car jamais elle ne pourra selon eux rivaliser avec Médée ou Andromaque.

Peut-être est-ce la raison pour laquelle les tragédies des XVIIIe et XIXe siècles inspirés de l’Iliade mettent plus fréquemment en scène Ulysse et certains autres personnages comme Iphigénie, fille d’Agamemnon et fiancée d’Achille, immortalisée par Racine (Iphigénie en Aulide jouée à partir de 1859). Chaque auteur s’approprie à sa façon le rusé Ulysse, célèbre pour son stratagème d’intrusion avec le cheval de Troie. S’il titre en 1756 sa pièce Philoctète, Chateaubrun fait d’Ulysse le héros principal en affaiblissant le caractère du guerrier, selon La Harpe qui s’attèle également au sujet en 1783 avec Philoctète. Ulysse compte d’autres ennemis dans la liste du Répertoire : Astyanax, fils d’Andromaque et Hector (tragédie de Richerolle d’Avallon en 1789 puis d’Halma en 1805), Polyxène, fille du couple royal troyen Priam et Hécube (tragédie d’Aignan en 1804 puis d’Herbigny en 1817).

La Guerre de Troie n’aura pas lieu déclare Giraudoux, dont le ton pacifiste résonne avec le choix des pièces homériques programmées à partir du XXe siècle. Dans cette « modeste postface à l’Iliade » jouée en 1988, Giraudoux prend, comme ses prédécesseurs, de la distance avec les auteurs antiques et ne retient que le trait distinctif du personnage : la ruse. Le renoncement d’Ulysse et le pacifisme d’Hector évitent ici l’embrasement initialement causé par l’enlèvement d’Hélène mais Giraudoux déplore le regard porté sur le héros : « On l’a vu modèle de sagesse et de grandeur d’âme, je croyais l’avoir fait infiniment plus redoutable que Demokos » (Préface). Lorsque la guerre a bien lieu, elle est interrompue par des personnages lassés de violence et perdus d’amour dans Penthésilée de Kleist (mis en scène par Jean Liermier en 2008) et dans Troïlus et Cressida de Shakespeare (par Jean-Yves Ruf en 2013) dans laquelle Ulysse parvient à réveiller les ardeurs grecques pour hâter la fin du conflit.

La dernière pièce contemporaine sur Ulysse jouée à la Comédie-Française est Le Jour du retour, écrite par André Obey, ancien administrateur (1945-1947), et mise en scène en 1972 par l’administrateur alors en fonction, Pierre Dux. Avec les figures féminines liées à Ulysse réunies cette saison par l’autrice Claudine Galea et la metteuse en scène Laëtitia Guédon, la Pénélope de l’abbé Genest (1684) et l’Hécube et Polyxène de d’Herbigny (1817) jouissent elles aussi d’une réincarnation dans notre monde contemporain, en pleine affirmation féminine.

Florence Thomas
Archiviste-documentaliste à la Comédie-Française

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