Robert
Manuel

Entré à la Comédie-Française en 1936 ; sociétaire en 1948 ; retraité en 1962 ; sociétaire honoraire en 1967.

Après le Cours Simon, il est au Conservatoire l'élève de Léon Bernard, puis d'André Brunot. Il remporte en 1936 un premier prix de Comédie et débute la même année à la Comédie-Française dans Les Fourberies de Scapin. Robert Manuel joue les jeunes premiers et les petits marquis de Molière, mais très vite aborde les comiques et les valets du répertoire, où il peut donner libre cours à sa verve et à sa fantaisie. Aux Lubin, Frontin, Trivelin, Pasquin et Arlequin de Marivaux, aux Mascarille, La Flèche et Sganarelle de Molière, aux Crispin de Regnard et Figaro de Beaumarchais, s'ajoutent Straforel des Romanesques d'Edmond Rostand et Pierre de La Brebis d'Edmond Sée.

Contraint d’abandonner ses fonctions dès septembre 1940, en vertu des ordonnances allemandes concernant les juifs, Robert Manuel reprend sa place et son rang d’ancienneté dans la troupe trois ans après. Il retrouve alors son emploi, qu'il étend aux compositions avec Thomas Diafoirus (Le Malade imaginaire), Maître Blaise (L'Épreuve de Marivaux) ou le Laquais du 4e acte de Ruy Blas.
Il est reçu sociétaire en 1948, interprète pour la première fois à la Comédie-Française Gladiator (Les Trente Millions de Gladiator d'Eugène Labiche et Philippe Gille) et Soldignac (Le Dindon de Georges Feydeau). Il est le Commissaire du Commissaire est bon enfant et Trielle de La Paix chez soi de Georges Courteline. Il joue Gamberone dans Un voyageur de Maurice Druon, Mirandole dans Domino de Marcel Achard... en 27 années de Comédie-Française, 99 pièces et 145 rôles, d'après ses propres calculs. Il a fait aussi de nombreuses mises en scène, dont une quinzaine à la Comédie-Française, parmi lesquelles plusieurs Molière : Les Précieuses ridicules, Le Malade imaginaire, Le Dépit amoureux, Crispin rival de son maître de Le Sage (où il joue La Branche), Les Plaideurs de Racine et Mademoiselle de Jacques Deval. Il a travaillé pour les Boulevards, l'Opéra, l'Opéra-comique, a monté des classiques, des comédies, des opérettes, des ballets...

Homme de télévision, dès les années 1950, il monte des dramatiques, produit en direct des émissions comme « Place au théâtre ! », provoque l'étonnement et l'admiration du public en se présentant au jeu télévisé « L'Homme du XXe siècle» et monte avec ses amis Jacques Charon et Robert Hirsch de désopilants numéros burlesques.
L'enseignement l'intéresse. Dès la libération, il enseigne rue Blanche jusqu'en 1968 et, en 1956, il succède à Pierre Dux au Conservatoire. Parmi ses élèves : Martine Carol, Guy Bedos, Claude Rich, Michel Duchaussoy, Nicolas Silberg, etc.

Il fait aussi des conférences et tourne, pour le cinéma, une cinquantaine de films, parmi lesquels le célèbre Du rififi chez les hommes de Jules Dassin.
Il quitte la Comédie-Française en 1963 – il sera sociétaire honoraire en 1967 –, est nommé codirecteur du théâtre Marigny en 1965. Il participe à la célèbre série télévisée « Au théâtre ce soir », y fait de nombreuses mises en scène et interprète avec sa verve habituelle des rôles de composition. Metteur en scène de L'Homme de la Mancha, avec Jacques Brel, il reprend in extremis le rôle de Sancho Pança à la mort de Dario Moreno.
Il organise des croisières théâtrales et est aussi l'auteur d'un livre de souvenirs (Qu'allais-je faire dans cette galère ?) et d'un jeu consacré à Molière. Collectionneur avisé, il possède un grand nombre de bustes et de portraits de son auteur favori et des objets divers touchant au théâtre.