REGARD(S) CROISÉ(S)
Alexandre de Broca, peintre
Stéphane Lavoué, photographe

REGARD(S) CROISÉ(S)
Alexandre de Broca, peintre
Stéphane Lavoué, photographe

Deux artistes contemporains complémentaires, l’un peintre, l’autre photographe, entremêlent leurs regards sur les espaces de la Comédie-Française habités par sa Troupe et le personnel du théâtre.

Alexandre de Broca peint les lieux en laissant libre cours à son interprétation et à ses souvenirs dont il réajuste les détails a posteriori.

Stéphane Lavoué, photographe de paysages au style pictural et de portraits qui acquièrent, par leur singularité, une dimension fictionnelle, collabore avec la Comédie-Française depuis 2015.

Ces photographies et peintures inédites, réalisées in situ par les deux artistes qui ont choisi de croiser leurs œuvres, rendent hommage à la diversité des métiers et des espaces de la Maison de Molière.

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Stéphane Lavoué par Alexandre de Broca | Alexandre de Broca par Stéphane Lavoué

Ces deux-là se sont trouvés.

L’un, Stéphane Lavoué, photographe basé en Bretagne, trombine la Troupe depuis dix ans, faisant des escales régulières à la Salle Richelieu entre son travail opiniâtre et génial de portraitiste du monde du travail et celui des populations des bouts de territoire. J’ai voulu le rencontrer lorsque j’ai découvert, dans un bar du Finistère, un portrait d’un de mes voisins, un homme doté d’un rude caractère et d’un fort visage à bacchantes. L’un des yeux témoignait de toutes les malheureuses certitudes de cet homme, et l’autre laissait échapper sa peur chevillée et la douceur qu’il réservait. J’avais mis trois ans à comprendre cette dualité, Stéphane quelques minutes seulement. Nous avions voulu pour le premier trombinoscope de la Troupe que la photo s’inspire de la peinture et de ses fonds obscurs et travaillés : l’inverse d’une photo héroïsée à la Harcourt, mais des portraits avec creux et bosses, poils et cicatrices. Je fus servi, ce trombinoscope est déjà dans les annales. Le suivant, à la sortie de la pandémie, sera au contraire lumineux comme au premier jour, pas un col, une chemise ou un collier, seules les attaches du cou et des épaules portant les visages nus. Cette force ou ce gracile. Un état premier avant d’envisager tous les cols Velasquez ou les fraises savantes. Stéphane sait les paysages aussi. Les loges du Français est un livre magnifique où le photographe a consigné l’ensemble des loges des artistes de la Comédie-Française en leur absence comme autant de paysages intimes, de portraits en creux.

L’autre, l’autre de ces deux-là, est peintre, Alexandre de Broca. Il est un jour venu me demander s’il pouvait peindre les lieux, les coulisses, les couloirs, les foyers, les dessous, les angles perdus du théâtre. Il m’a expliqué qu’il voulait le faire sans présence d’abord pour saisir « sur le vide », comme on dit sur le vif, la beauté nue de ce qui n’est généralement que traversé. Il m’a parlé d’une technique perdue en France et encore en cours en Angleterre, consistant à croquer directement à la peinture à l’huile sans esquisses ni crayonné. J’ai appris plus tard que même lorsqu’il travaillait chez lui de grands formats, il s’entourait de réveils pour s’obliger à lâcher le pinceau avant de gâcher par souci de précision ce qu’il ne voulait que saisir. J’attendais depuis de longues années une telle proposition. Pour qui connaît les murs intérieurs de la Comédie-Française, il n’en est pas un qui ne soit empesé de tableaux. La collection, rare et prolixe, semble s’être arrêtée, l’art du portrait, ou du buste d’ailleurs, s’étant tari subitement, sans doute à l’orée de la photographie. Tous ces visages connus ou inconnus sont donc d’une autre époque et semblent nous toiser, de couloir en couloir, d’un lointain reproche navré. La Maison, comme on appelle le théâtre, semble figée dans ses apparats comme ces royaumes de livres pour enfants dans lesquels une sorcière ou un mage fixe le présent : la cuillère à quelques centimètres de la bouche, le dos courbé sur un lacet récalcitrant, la hallebarde pas encore posée contre le mur… Il faut attendre des décennies avant qu’un claquement de doigt salvateur redonne vie à chaque action suspendue. Alexandre le magicien. Son art, ses doigts tachés de couleur, son chevalet et l’odeur entêtante de peinture à l’huile témoignant de son passage des jours après, sont une réponse inespérée. La vie a repris, en accord avec la réalité du travail quotidien à la Comédie-Française : un maelström.

Ces deux-là se sont trouvés. Stéphane faisant à ma demande des images de l’ensemble des métiers du théâtre, Alexandre poursuivant sa collection picturale. Forcément l’appareil de l’un a rencontré le chevalet de l’autre. Leur discrétion de caractère, leur humilité – l’humour égal pour ne pas avoir à la justifier –, leurs visages doux et concentrés ne pouvaient que s’entendre.

Si peinture et photographie n’ont pas de mélange évident, ici elles semblent naturellement s’accorder. Ces Regard(s) croisé(s) sont le résultat de deux talents et d’une amitié née en nos murs.

Éric Ruf, administrateur général

www.stephanelavoue.fr

www.alexandredebroca.com

Une exposition a été présentée dans l’escalier d’honneur de la Salle Richelieu du 18 septembre 2024 au 16 janvier 2025.

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Exposition dans l’escalier d’honneur de la Salle Richelieu. Photographies de Stéphane Lavoué

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